Présentation de Diane ALBISSER ROSTALSKI

L'absence de représentations positives (les images de propagandes racistes sont bien sûr exclues) du peuple Noir dans l'histoire de l'art occidental est frappante, mais découle incontestablement de faits historiques : la colonisation, l'esclavage, la ségrégation, le racisme ont empêché des représentations plaçant sur un pied d'égalité le Blanc et le Noir.
C'est par cette constatation que l'envie de représenter des personnages noirs est apparue, dans le but d'amener dans la peinture occidentale une autre iconographie, et pour pallier à cette invisibilité. J'interroge les préjugés à travers leur représentation, les questions liées aux couleurs - du noir et du blanc notamment, mais aussi la possibilité d'utiliser tout sauf du noir pour représenter une personne de couleurs. Bien que ces préoccupations puissent sembler pesantes, j'écarte toujours de ma pratique toute possibilité de misérabilisme : je rends hommage, je tente de montrer la force et la dignité de gens que j'admire pour leur héroïsme quotidien. Ma pratique se situe à la fois dans une démarche contemporaine parfois non vendable (par exemple installation dans l'espace d'objets divers peints comme des sucres, du coton...) et à la fois dans un travail qui continue d'interroger mes préoccupations liées au peuple Noir tout en gardant les formes traditionnelles de la peinture sur toile, sur carton ou papier, permettant ainsi la possibilité " décorative ". Ce sont les portraits qui dominent ma pratique, portraits-hommage à des célébrités noires tels le groupe musical Fugees, ou le peintre Jean Michel Basquiat, ainsi que portraits d'anonymes. J'alterne les séries en noir et blanc où le visage se détache en ombres et lumières, et des séries en couleurs également, les formats qui vont de la boîte d'allumette à de plus grandes toiles ou cartons.
Ma pratique peut se rattacher à une forme d'art urbain (délimitation des traits parfois proche du pochoir, ou représentation de personnes issues du milieu hip hop...) mais aussi à la tentative de se placer dans une continuité de l'histoire de la peinture, en apportant une autre iconographie.